ANTHONY JOUBERT EN HAUTE SAISON
Qui pourrait croire, en voyant sa « bille de clown », son aisance scénique et ses réparties avec un public qu’il aime tant « titiller » qu’Anthony Joubert était un enfant presque… « autiste », comme il le dit ! Longtemps paralysé par une timidité exacerbée, le Rire est devenu sa thérapie et l’Humour sa raison de vivre. Le voilà de retour avec « Saison 2 », le spectacle de SA vie aussi !
Pour cet Arlésien de 32 ans, l’Humour n’est pas une arlésienne mais bel et bien le métier qu’il a choisi, envers et contre tout, pour le meilleur et parfois pour le pire comme devant le « tribunal Ruquier » qui lui, ne demandait pas qu’à en rire !! Sans renier les plateaux télé qui lui ont valu son ascension fulgurante, Anthony Joubert a pour l’heure fait le choix de sortir un peu du cadre du petit écran pour se concentrer tout entier à son nouveau spectacle « Saison 2 » qu’il peaufine et cisèle depuis plus d’un an. La scène, le public… c’est là qu’Anthony bouge, respire, joue, rit, partage, taquine… C’est là qu’il se livre tout cru et presque tout nu en nous racontant des histoires… Son histoire ! Une histoire qui fait rire et parfois pleurer, une histoire VRAIE tout simplement.
Christine : Pour cette nouvelle saison 2014-2015, tu nous présentes un spectacle qui est maintenant bien rôdé ?
Anthony Joubert : Oui, ça fait un an que je le peaufine. Ce spectacle « Saison 2 » est donc la suite de « Saison 1 » qui parlait d’un jeune Arlésien se faisant mettre à la porte de chez son père parce qu’il voulait devenir comique. Et bien là, il est devenu comique et monte à Paris pour faire carrière… Il découvre le monde du show-business, des producteurs, des coaches, de la télé… le métier d’artiste quoi ! C’est donc toute une série de nouvelles petites histoires mais j’ai quand même gardé quelques anciens sketchs que j’ai complètement retravaillés. Et j’ai dû faire revenir William de Fly sinon je me fais engueuler par le public qui est venu aussi pour le voir !! (rires).
Christine : C’est un spectacle autobiographique ?
Anthony Joubert : TOTALEMENT !
Petit à petit j’ai fait ma route d’artiste micro-connu, c’est-à-dire un peu connu mais pas trop !!
Christine : Donc pour reprendre ton histoire, on peut dire que tes débuts à Paris ont été fulgurants ?
Anthony Joubert : Effectivement, les choses ont été très vite ! Je me suis retrouvé comme candidat dans l’émission de M6 (on peut dire les marques ?!)… « Incroyable Talent ». Au début, je devais faire un sketch mais j’avais peur de me faire buzzer par le jury et qu’on me colle d’emblée cette étiquette du recalé d’Incroyable Talent ! Du coup, je me suis créé un personnage de chanteur… J’ai mis la perruque de ma mère et le pantalon de mon père (une façon aussi d’avoir mes parents à mes côtés puisqu’ils ne sont plus là tous les deux) et c’est donc William de Fly qui est entré sur le plateau, avec sa guitare et sa chanson ! A vrai dire, je pensais me faire sortir au bout de quelques secondes et c’est tout l’inverse qui s’est produit. J’ai eu une standing-ovation et un vrai buzz… mais sur Internet du coup !! En plus, comme je n’arrêtais pas de faire le pitre dans les coulisses, la prod’ m’a remarqué et proposé de présenter, l’année suivante, la deuxième partie de cette émission avec Jérôme Anthony. Ensuite, j’ai été repéré par Morandini avec qui j’ai travaillé un peu et je me suis retrouvé chez Ruquier… Enfin voilà quoi, petit à petit j’ai fait ma route d’artiste micro-connu, c’est-à-dire un peu connu mais pas trop !! (rires).
Christine : On pourrait penser qu’avec une entrée si tonitruante à la télé, c’est le succès et la notoriété assurés. Or, à priori ce n’est pas si simple que ça… ?
Anthony Joubert : Ce n’est pas simple du tout ! Le plus dur n’est pas d’entrer à la télé… mais d’y rester ! C’est sûr que la télé, c’est la meilleure vitrine qui soit pour être vu par des millions de gens ! Mais le problème, c’est qu’on tombe vraiment dans le système de télé-crochet et de la star-kleenex. Et dès qu’on nous voit plus à la télé, les gens nous oublient !!
Christine : Pour faire un clin d’œil à l’émission de Ruquier « On n’demande qu’à en rire » dont tu as été pensionnaire pendant un moment, ça ne t’a pas toujours servi ?
Anthony Joubert : Cette émission m’a même énormément desservi parce que je n’arrivais pas à m’adapter au format ! En fait, j’en retiens 3 choses : la difficulté, voire même la souffrance que j’ai vécue sur certaines émissions, mais aussi la force et la rigueur de travail qu’elle m’a apporté. J’ai bossé jour et nuit pour essayer de trouver ma personnalité dans les sketchs. En fait, j’ai encore un sentiment de rancœur par rapport au jury qui ne m’a jamais laissé ma chance pour faire ce qui me correspondait vraiment : l’improvisation et le jeu avec le public.
A chaque fois qu’on m’a fracassé et mis à terre, je me suis relevé en disant « même pas mal » !
Christine : Penses-tu au final être sorti quand même vainqueur de cette épreuve ?
Anthony Joubert : Oui, je le pense sincèrement ! A chaque fois qu’on m’a fracassé et mis à terre, je me suis relevé en disant « même pas mal » ! Et je vais même te faire une confidence : à chaque émission, je me disais : « qu’est-ce que je fais ? J’arrête ou pas ? ». Et puis, une petite voix répondait : « tu as galéré, tu as vécu la pire des épreuves en perdant coup sur coup tes parents, alors vas au bout de tes rêves et ne le regrette jamais. Tu n’as jamais reculé devant un défi ! ». Et finalement, j’en suis sorti vainqueur puisqu’à la dernière émission, on m’a dit « sois toi-même et fais ce que tu veux » et c’est là que j’ai obtenu les meilleures notes !
Christine : Ton objectif est quand même de faire des spectacles sur scène et non pas de rester derrière un écran ?
Anthony Joubert : Evidemment que mon but, et même ma raison d’être, c’est la scène ! D’ailleurs, je ne suis pas fondamentalement une personne de télé et quitte à en faire, autant que ce soit pour jouer un rôle dans un téléfilm… D’ailleurs, en ce moment, j’ai pris du recul par rapport à tout ça pour me concentrer justement sur mon spectacle qui commence à bénéficier d’un bon petit bouche à oreille. Et quand je suis sur scène, j’ouvre mon cœur. Pour moi, c’est ça le plus important… surprendre les gens et les faire rire.
Christine : Tu faisais référence à ton personnage William de Fly. Tu n’as jamais eu envie de développer plus sérieusement tes dons de chanteur ?
Anthony Joubert : C’est vrai que j’adore chanter mais je n’ai jamais vraiment eu l’occasion de le faire. Mais c’est rigolo que tu me poses cette question parce que, récemment, je me suis fait plaisir en créant une version musicale de mon spectacle, avec un pianiste et un batteur. J’ai enlevé quelques sketchs et rajouté des compos qui restent quand même en lien étroit avec l’humour de mon spectacle.
Quand je suis sur scène, j’ouvre mon cœur. Pour moi, c’est ça le plus important… surprendre les gens et les faire rire.
Christine : Plus généralement, est-ce que tu aimes t’habiller de personnages variés pour exprimer les choses ?
Anthony Joubert : J’étais fan d’Eli Kakou et j’adore me grimer, me déguiser mais mon spectacle n’est pas construit autour de ça. J’utilise pas mal d’accessoires, la vidéo, la lumière, une guitare, des chansons… mais le fil rouge reste mon histoire. De temps en temps, j’emprunte des personnages mais je ne le fais ni longtemps, ni souvent.
Christine : Tu parlais de la disparition de tes parents. Mais il y a un papa d’adoption qui s’appelle Eric Collado avec qui tu joues la pièce « Entre père et fils ». Cette relation est importante pour toi ?
Anthony Joubert : Enormément ! D’autant plus que je doute toujours de moi ! Du coup, à chaque fois que j’écris un sketch, je demande l’avis à Eric. Il me conseille et m’apporte ce que j’appelle « la patte du maître » ! C’est mon papa de spectacle…
Christine : Est-ce que tu confierais l’écriture d’un prochain spectacle à quelqu’un ?
Anthony Joubert : Euh…oui ! Avant tout à Eric Collado évidemment. J’ai commencé aussi à poser des idées avec Patrick Bosso. Petit à petit, j’élabore l’écriture de mon prochain spectacle que je jouerai probablement dans 3 ou 4 ans. Je sais déjà qu’il s’appellera « Saison 0 » parce que ça parlera de mon enfance et comment j’ai pu en arriver là…à la saison 2 quoi ! (rires).
Finalement, le rire est devenu ma vraie thérapie !
Christine : Tu vas donc parler de ce garçon extrêmement timide qui n’osait pas ouvrir la bouche en classe?
Anthony Joubert : Exactement ! Je n’étais pas timide… j’étais autiste !! En fait, le jour où j’ai commencé à faire rire mes petits copains et ma maîtresse en classe, j’ai pressenti que ça pouvait changer ma vie et me guérir… Finalement, le rire est devenu ma vraie thérapie ! Et plutôt que de payer un psy très cher, ce sont les gens qui me payent… La vie n’est pas formidable ?! (éclats de rire)
Christine : Par rapport au chemin déjà parcouru, si tu avais un rêve à réaliser maintenant, quel serait-il ?
Anthony Joubert : Ahhhh ! Moi j’aimerais bien ouvrir un bar à pu… (Eclats de rires) !! Non, trêve de plaisanterie, j’aimerais bien m’aventurer dans le monde du cinéma qui me plait énormément ! Récemment, dans un court métrage qui va bientôt sortir, j’ai joué le rôle d’un mec qui va se suicider … Et ça m’a tellement ému que parfois, avant les prises, j’avais envie de pleurer. J’étais dans la peau du personnage et là, j’ai compris que ça pouvait être pour moi un nouveau défi ! Mais quoiqu’il en soit, mon avenir, je ne le vois pas sans les lumières, sans la scène, sans la comédie, sans les caméras… Ce métier me plaît vraiment !
Christine : Donc tu te verrais bien endosser des rôles plus dramatiques ?
Anthony Joubert : Oui mais comme acteur. Mon rêve serait de jouer ces rôles-là au cinéma ou dans un court-métrage, mais de rester un humoriste sur scène. J’adore l’humour parce qu’on sait de suite si ça plait aux gens. Lorsqu’on les entend rire, on a la réponse !
A chacun de mes spectacles, tout peut arriver !
Christine : Et là, on en revient à l’une de tes grandes qualités : ton sens de l’improvisation et du jeu avec le public…
Anthony Joubert : Imagines ce que ce serait si je faisais exactement la même chose à chaque spectacle ?! Autant mettre une vidéo et se barrer ! Sincèrement, je pense que c’est aussi pour l’effet de surprise que les gens viennent me voir et me revoir parce qu’ils savent qu’à chacun de mes spectacles, tout peut arriver ! J’attends toujours qu’il se passe quelque chose avec le public pour rebondir. Après tout, moi aussi j’ai envie de m’amuser !
Christine : Finalement, ce n’est pas si simple d’être un humoriste ?
Anthony Joubert : C’est même assez difficile. On m’a toujours dit qu’il faut travailler tous les jours. Et bien ce n’est pas vrai… Il faut travailler aussi la nuit !!