Article paru dans Telex Var N°1714 du 04/12/2013
Oser n’est pas un rêve, c’est un pas vers la liberté
Lyonnaise d’origine, c’est l’Amour qui a porté Auren jusqu’à Six-Fours où elle a posé ses valises depuis plus de deux ans. Mais cette région dont elle dit être tombée amoureuse (aussi !) est devenue pour elle une « vraie source d’inspiration ». Et on a pu le constater sur scène en première partie d’Alex Beaupain ! Entre ses textes inspirés, ses mélodies poétiques et ses envolées « rock’n’mutines », la jeune artiste a de beaux atouts et une belle carte de visite qui se nomme « J’ose ». Nous, on a osé l’accaparer juste avant son concert pour une interview en « live » !
Le mystère de la Femme a souvent inspiré les auteurs… Notre inspiration, elle, puise ainsi sa source dans le « mystère » d’Auren. Mystère ou plutôt « ambivalence », cette forme de contradiction qui n’est pas forcément opposée… ni imposée !
Auren a cette indéniable posture de (jeune) femme que les 30 premières années de sa vie ont sculptée, façonnée, endurcie un peu, meurtrie parfois. Mais Auren n’a rien perdu de cette allure d’enfant, ne résistant pas à l’espièglerie qui a tôt fait de franchir ses fragiles barrières, et laissant à ses yeux toute la place que peuvent y prendre les étoiles et les rêves !
Son pas assuré qui la mène sur scène dissimule à peine le cœur palpitant qui frappe sous sa large robe, et cette douce fébrilité d’un trac qui, dans quelques minutes, deviendra toute sa force. Quelques premières notes tremblantes et sa voix cristalline reprend son flot, son flux, son souffle. On se laisse alors porté par la poésie de son univers, certain de naviguer dans cette apesanteur jusqu’au bout de son voyage. Mais voilà que la mutine nous réveille avec une bonne claque rythmique et quelques « rock’ments » de gorge ! Ses yeux roulent, ses épaules s’agitent, ses pieds tapotent… Finalement, la sagesse d’Auren ne tient-elle pas aussi de son contraire barge et déjanté ?!?
Christine : Comment s’est faite ta rencontre avec la Musique ?
Auren : Je la dois beaucoup à ma grand-mère qui m’a enseigné le piano dès mon plus jeune âge, et j’ai adoré cet instrument. Je me faisais un plaisir d’aller tous les samedis chez elle pour jouer…
Christine : Elle était professeur de piano ?
Auren :Elle était avant tout une pianiste émérite qui donnait beaucoup de concerts à Paris lorsqu’elle était jeune. Elle a décidé d’enseigner son art… mais exclusivement à ses petits-enfants !!! Donc c’était un véritable privilège ! Et puis j’ai aussi la chance d’avoir des parents qui adorent la musique et j’ai toujours baigné dans une ambiance musicale, à la maison, en voiture, partout…
Christine : Et le chant ?
Auren : C’est venu beaucoup plus tard, lorsque j’étais en prépa HEC. Je me suis mise à chanter pour expulser les tensions et m’évader du rythme fastidieux des révisions. En découvrant ses vertus, le chant est devenu pour moi une vraie révélation !
En découvrant ses vertus, le chant est devenu pour moi une vraie révélation !
Christine : Comment a évolué ensuite ton parcours d’artiste ?
Auren : Au départ, je chantais plutôt des reprises, mais parallèlement, j’ai toujours écrit des textes et j’essayais parfois de mettre mes mots en musique. J’ai eu la chance, ensuite, de faire de belles rencontres, notamment lorsque je suis montée à Paris, qui m’ont aidée àme structurer. De mes premières petites scènes, j’ai eu le bonheur d’accéder aussi à des premières parties d’artistes comme Mickael Jones, Chris Isaak ou Benjamin Biolay… J’ai également participé aux rencontres d’Astaffort (créées par Francis Cabrel-ndlr) qui m’ont beaucoup appris. Ces expériences m’ont donné le goût de la scène et ont surtout conforté mon choix de m’investir à fond dans mes projets musicaux.
Christine : Beaucoup de jeunes talents sont passés par ce fameux stage créé par Francis Cabrel. Est-ce qu’on en sort changé ?
Auren : Oui ! Vraiment ! Il faut mettre à plat tous nos vieux réflexes, nos vieux clichés sur la chanson pour apprendre à construire une vraie bonne chanson. Francis Cabrel est un auteur exceptionnel, un compositeur hors pair et un bon interprète et nous, jeunes apprentis, on voudrait être tout ça à la fois. Il nous a en quelque sorte « décomplexés »et surtout appris à partager nos projets de création… en faisant confiance à des gens qui savent faire ! C’est d’ailleurs ce que j’ai fait !
Christine : Et toi… tu te sens plus chanteuse… auteur… compositeur ?
Auren : Je dirais plus auteur et interprète. En fait, pour mon album, je n’ai pas composé beaucoup de morceaux, hormis le titre « Comme la dernière fois » que je dédie à ma grand-mère quiest partie pendant que j’écrivais justement cet album. Ça m’a semblé une évidence que cette chanson ne soit qu’à moi et que je ne la partage pas avec un compositeur… Du coup, elle symbolise aussi mon vrai premier pas dans la composition solo. Et ça m’a donné confiance pour continuer… Quand je lui chante cette chanson, je sais qu’elle m’écoute, là, tout à côté, silencieuse et fière…
J’avais la chance d’avoir une grand-mère qui m’a enseigné le piano d’une manière tellement délicate que je n’ai jamais eu l’envie d’aller au conservatoire
Christine : Dans ton parcours musical, tu n’as pas choisi la voie « classique » mais tu as plutôt évolué au fil des rencontres avec tes « pairs »… C’est un choix ?
Auren : Je ne me suis même pas posé la question ! J’avais la chance d’avoir une grand-mère qui m’a enseigné le piano d’une manière tellement délicate que je n’ai jamais eu l’envie d’aller au conservatoire. Donc j’ai trouvé ma place comme ça. Mais aujourd’hui, il est vrai que j’ai repris des cours de guitare, de piano, de chant …pour me nourrir, aller plus loin, affiner mon travail et savoir où je vais. J’adorerais savoir jouer comme une virtuose mais finalement, l’identité d’une artiste est aussi faite de ses défauts …
Christine : Et si tu devais définir ton identité artistique… ?
Auren : Je dirais que la Musique m’a permis de devenir entière et mes chansons regroupées dans mon premier album représentent vraiment toutes les facettes de ma personnalité. Lumineux, mutin et espiègle à la fois, il a aussi de l’humour et beaucoup de profondeur. Je dirais que c’est l’album d’une femme qui essaie de se faire confiance, qui ose s’affranchir du regard de l’autre.C’est tout un travail et beaucoup de mon histoire aussi… !
Christine : Parce que tu souffres de certains complexes ?
Auren : J’ai pu souffrir de ne pas me faire assez confiance et d’attendre la bénédiction des autres pour avancer… J’ai beaucoup travaillé sur cette tranche de vie des 30 ans et aujourd’hui, à travers cet album, je peuxaffirmer mes choix même s’ils vont à l’encontre des avis des autres ! Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que j’ai intitulé mon premier album « J’ose » ! Tout un symbole…
C’est l’album d’une femme qui essaie de se faire confiance, qui ose s’affranchir du regard de l’autre
Christine : Cet album est, lui aussi, le fruit d’une belle rencontre ?
Auren : Tout à fait ! J’avais déjà dans les cartons pas mal de chansons et des maquettes de démos. Jusqu’à cette rencontre avec NicolasDufournet (l’ancien bassiste du groupe Oui-Oui –ndlr) qui a été un vrai coup de cœur artistique et humain. J’ai vraiment senti qu’il avait aimé mon univers et je me suis dit qu’il ne pouvait qu’être bienveillant et m’apporter une belle créativité. Mon intuition ne m’a pas trompée !!
Christine : C’est donc lui qui a arrangé les morceaux de ton album ?
Auren : Son studio d’enregistrement est une vraie caverne d’Ali Baba remplie d’instruments, de machines, de matériels permettant de naviguer sur toute une palette de sons. Il a beaucoup joué sur l’affrontement de sonorités vintage tendance sixties avec une ambiance plus années 80 et des touches ultra contemporaines…Il a apporté cette touche fofolle et déjantée. On a beaucoup ri en studio !!
Aujourd’hui, je suis dans une démarche de construction et je préfère évoluer sereinement plutôt que de partir comme une fusée et d’éclater en vol !
Christine : Cet album « J’Ose » est sorti en juin dernier. Quels sont les premiers retours sur son accueil ?
Auren : L’accueil est vraiment super, tant de la part du public que des professionnels du milieu artistique. Pour sa promotion, j’ai eu la chance de faire quelques émissions qui m’étaient totalement inaccessibles avant, donc cet album m’a ouvert de belles portes. Mais je ne veux pas être impatiente. Aujourd’hui, je suis dans une démarche de construction et je préfère évoluer sereinement plutôt que de partir comme une fusée et d’éclater en vol !
Christine : Quels sont tes projets ?
Auren : Evidemment défendre, faire découvrir cet album et surtout le faire vivre sur scène. Et puis écrire de nouveaux morceaux pour un prochain album…
Christine : On peut dire que le Var t’a déjà plutôt bien accueillie ?
Auren : Oui, et c’est un pur bonheur ! J’ai fait pas mal de dates l’été dernier. J’ai eu la chance de jouer pour l’inauguration de L’Impasse, ce nouveau lieu de spectacle à La Seyne où je refais d’ailleurs un concert le Samedi 7 décembre… La veille, je serai à la Médiathèque de Hyères. Et puis je viens de faire cette première partie d’Alex Beaupain à Six-Fours, « chez moi » !!! L’été prochain, je devrais jouer au festival du Fort Balaguier… Bref, plein de rendez-vous dans le coin et j’en suis ravie !
Christine : A cette étape de ton parcours, si tu avais un rêve complètement fou… ?
Auren : Le rêve absolu serait de faire un Casino de Paris pendant 3 soirs et puis partir en tournée à travers la France et dans les pays Francophones …
Retrouvez toutes les photos du concert réalisées par Christine Manganaro et par Yann Etesse