Jeune et joli à 50 ans…C’est le titre de son dernier spectacle et ce sont également les mots justes pour le définir. Lorsque je l’écoute parler, je le sens quelque peu tiraillé entre l’homme épanoui qu’il est devenu, fort de ses expériences et l’éternel jeune homme qu’il voudrait rester. Animateur vedette, figure incontournable du paysage audiovisuel, voix emblématique sur les ondes de la radio RTL, Julien Courbet est de retour sur scène avec un nouveau show, le quatrième déjà. Plus personnel, il relate avec humour sa nouvelle vie, ses joies et ses aléas.
De passage au théâtre Le Colbert à Toulon le vendredi 30 mars dernier, ce fut l’occasion pour moi de faire plus ample connaissance avec un artiste passionné, un homme ô combien sympathique, qui quoi qu’il en pense, ne fait pas son âge. Rencontre.
Pouvez-vous me raconter comment ce spectacle a vu le jour?
Après mes trois premiers spectacles ( Julien Courbet se lâche, Julien Courbet fait son comic out, Julien Courbet persiste et signe), j’avais naturellement envie de renouveler l’expérience. J’avais envie cette fois d’un fil conducteur. Le thème de la cinquantaine s’est imposé très simplement lors d’une réunion au cours d’une discussion avec mon équipe. J’ai fais remarquer que je commençais à perdre mes cheveux, je parlais de mon corps qui se mettait à changer…Et là on m’a dit ” C’est bon ! Tu tiens le sujet de ton prochain spectacle !”
Avez-vous le sentiment que ce spectacle vous ressemble davantage que les précédents ?
Complètement ! Je parle vraiment de moi. On rentre davantage dans mon intimité, dans mon quotidien. Je me moque de moi-même, je m’auto-parodie.
50 ans, c’est une nouvelle dizaine, et une nouvelle étape. Diriez-vous qu’elle est particulièrement difficile à franchir?
Sincèrement, oui. La cinquantaine est plus dure que la quarantaine, car vous avez là une véritable prise de conscience du temps qui passe. C’est là que j’ai eu un déclic, et que je me suis dis “Fais ce que tu as envie de faire et vis le à fond !”Avoir 5o ans, c’est avoir 20 ans de mariage, des enfants devenus ados avec toute les difficultés que cela comporte. 50 ans, c’est aussi l’âge où on cherche à savoir si on est encore jeune…On s’habille un peu comme un ado, on a envie de faire certaines choses qui nous deviennent difficiles…Les efforts physiques par exemple. La tête dit oui, le corps ne suit plus…
Y’a t’il tout de même des avantages à être cinquantenaire?
Clairement, oui ! Je dirais meme que si il n’y avait pas ce fichu sablier au dessus de ma tête, ce serait la plus belle période de ma vie. 50 ans, c’est aussi l’âge ou vous êtes enfin épanoui.
Concernant votre parcours professionnel, il est très riche. Vous êtes connu comme animateur à la télévision, à la radio….Lorsque vous vous êtes lancé dans l’aventure du One man show, n’avez vous pas redouté les critiques?
En effet. Contrairement aux Etats- Unis où un animateur peut parfaitement passer de l’animation à la chanson en passant par le one man show, on a tendance en France à vouloir que chacun reste à sa place. C’était un défi pour moi, une volonté de ne pas rester dans une case et un objectif de convaincre les gens .
Entre le plaisir d’animer et le plaisir de monter sur scène, y’en a t’il un qui prime sur l’autre?
Monter sur scène, c’est ce que j’ai toujours voulu faire. C’est ma première passion. Je suis monté à Paris à l’âge de 28 ans. J’ai commencé dans l’émission de Jacques Martin “Ainsi font, font, font…”J’écrivais des sketchs. La vie a fait que j’ai rencontré Gérard Louvin, j’ai eu des opportunités à la télévision et ma carrière d’animateur a débutée. J’en suis très heureux; mais la scène, il n’y a rien de plus magique. Le contact direct avec les gens est une source de bonheur inqualifiable. Entendre leurs rires, leurs applaudissements…A la fin d’un spectacle, il faut toujours un temps pour redesendre. C’est très intense.
Quels retours avez-vous du public?
Très souvent, des gens m’attendent à la sortie du spectacle, et ça me fait chaud au cœur. La plupart du temps ils m’avouent qu’ils ne s’attendaient pas à ça, ils sont venus par curiosité, ont été agréablement surpris et ont beaucoup ri. Mon objectif est donc atteint !
Vous vous adressez principalement aux cinquantenaires dans votre spectacle, mais avez-vous remarqué la présence de plus jeunes dans votre public?
Oui. Bien-sûr, je n’ai pas une majorité de jeunes comme certains humoristes. Il y a mon public de la période “Sans aucun doute” par exemple. ( Emission animée de 1994 à 2008 sur TF1). Le public de C8 est venu se greffer…Globalement, c’est assez familial.
Si le Julien Courbet d’aujourd’hui croisait celui qu’il était à 28 ans à son arrivée à Paris…Quels conseils aurait t’il envie de lui donner ?
Un seul, et le plus important. Je lui dirais ” N’écoute pas les autres. Fie toi uniquement à ton instinct, fonce ! N’attend pas pour faire de la scène.” Je n’ai qu’un seul regret, celui de ne pas m’être lancé plus tôt. Je sais, de par mon âge, que je ne mènerai pas une grande carrière d’humoriste mais je compte profiter à fond de chaque instant que m’offre cette aventure, et continuer à faire plaisir aux gens.
Pouvez-vous m’en dire plus sur vos co-auteurs Rémi Caccia et Edouard Pluvieux ?
J’ai rencontré Rémy Caccia par l’intermédiaire de Christelle Chollet dont il est le mari. Christelle avait dans son spectacle un moment “Guest”. Rémy m’a demandé d’intervenir en impro pendant deux minutes. Ca a été un déclic. Rémy m’a trouvé drôle mais maladroit. Il m’a donc aidé à écrire. Edouard Pluvieux quant à lui est devenu mon sniper. J’ai tout de même écrit la majorité de ce spectacle.
Un message particulier pour votre public toulonnais?
J’ai une certaine pression, le public du sud est souvent plus exigeant, il y’a donc un défi supplémentaire, mais je suis ravi de venir jouer ici. Mon meilleur ami réside à Aix en Provence. Vous habitez une région magique et j’avoue que si je n’étais pas retenu à Paris par mon travail, je m’y installerais bien.
Propos recueillis par Marie Gouiran
Retrouvez toutes les photos réalisées sur le début du spectacle par Yann Etesse.