Cock Robin me permet surtout de ne pas arrêter d’avancer !
NON, Cock Robin n’est pas un chanteur mais OUI, Peter Kingsbery est bien le chanteur de Cock Robin !
Si la confusion demeure dans les esprits, c’est peut-être parce que depuis quelques années, le groupe Cock Robin est amputé de celle qui en fut la co-fondatrice et surtout l’égérie : Anna LaCazio. Né en 1982, le groupe Cock Robin a vécu une histoire très particulière, ponctuée de succès flamboyants comme notamment les indémodables « When your heart is weak », « The promise you made », « Just around the corner »… et de loooongues périodes d’interruption. Anna signera un sixième et ultime album en 2010 avant de se consacrer pleinement à sa carrière maternelle. Peter décide de poursuivre seul, enfin pas tout à fait seul puisque, sur scène, deux nouveaux complices l’accompagnent.
A 63 ans, Peter Kingsbery remet Cock Robin sur les rails, avec l’album « Chinese Driver » dans une cadence plus électro, plus intimiste, plus essentielle, mais avec ce sentiment intact qu’un beau jour de printemps 1982, à Los Angeles, une bénédiction s’est posée sur un le berceau d’un groupe qui allait devenir l’un des plus emblématiques de l’histoire pop-rock.
Celui qui a désormais choisi la France pour résidence est venu rendre une petite visite à son public varois, un jour ensoleillé de mars… Comment ne pas profiter d’une telle aubaine pour une rencontre privilégiée et… exclusive !
Christine : Le nom de Cock Robin est, depuis plus de 20 ans, dans tous les esprits de la génération pop rock. Mais, je ne crois pas trop me tromper en disant que beaucoup de personnes pensent encore qu’il s’agit de votre nom. Ce qui en l’occurrence n’est absolument pas le cas, puisque vous vous appelez Peter Kingsbery !
Peter Kingsbery : oui, je le sais. Depuis le début, beaucoup de personnes ont fait la confusion…
En fait, Cock Robin vient d’une comptine anglaise qui date du 17ème siècle, si mes informations sont bonnes.
Vous êtes effectivement bien renseignée ! (rires)
Mais alors pourquoi le choix de ce nom à l’origine ?
C’est un nom que nous avons choisi ensemble Anna (*) et moi… en fait, cela fait référence à une partie d’un conte de fée qui parle d’un mariage entre deux oiseaux. L’un des deux est assassiné accidentellement par son meilleur ami pendant la noce… C’est une histoire un peu tragique mais qui collait plutôt bien à nos chansons à la fois un peu naïves et mélancoliques.
(*) Anna LaCazio est la chanteuse avec qui Peter a fondé le groupe Cock Robin en 1982.
Vous parlez du mariage de deux oiseaux. Il est vrai que Cock Robin était un groupe de 4 musiciens à l’origine mais rapidement il s’est recentré autour de votre duo avec Anna. Sans refaire toute l’histoire puisque nous n’en n’avons pas le temps, on peut la résumer en quelques mots : une réussite fulgurante en Europe et en France tout particulièrement, dès la sortie du premier album éponyme en 1985. Puis un arrêt en 1990 pour une renaissance 16 ans plus tard, et finalement, le départ définitif d’Anna en 2010… Aujourd’hui vous revenez avec le nouvel album « Chinese Driver » et en trio sur scène. Pourquoi finalement avoir gardé ce nom de Cock Robin, puisque l’un des deux oiseaux ne fait plus partie du conte de fée ?
Le fait qu’on retrouve dans une nouvelle formation aujourd’hui sans Anna n’est pas une énorme surprise car elle avait clairement manifesté son souhait de se consacrer à sa vie de famille et de mettre un terme à cette aventure. C’est moi qui apportait les compositions, l’écriture et les arrangements mais malgré tout nous avions tous les deux un véritable échange, une réelle complicité. Mais quand les choses ont commencé à changer, j’ai souhaité malgré tout continuer à faire vivre Cock Robin et en fait, il n’y avait pas vraiment de raison de faire autrement. Anna, n’a jamais été contre…
Mais vous auriez aussi pu choisir de poursuivre une carrière solo. Doit-on penser que sans Cock Robin, la musique n’a plus le même intérêt pour vous ?
Non, Christine, c’est vraiment l’histoire du groupe qui a marqué ma propre histoire. Cock Robin, c’est un miracle que ça existe car nous n’avons jamais couru après le côté business de la musique. Encore moins Anna qui n’était pas très adepte de tout ce milieu. Pour elle, la musique devait garder cette saveur spirituelle…
Aujourd’hui, votre nouvelle équipière, s’appelle Coralie Vuillemin, une jeune française qui d’ailleurs, n’était pas née à l’époque où est né Cock Robin !
Oui, effectivement, mais pour être tout à fait correct, il faut quand même préciser que nous ne formons pas avec Coralie le duo que nous formions avec Anna. Coralie est avant tout claviériste et elle participe à l’évolution de la musique de Cock Robin autour de deux claviers et deux voix, accompagnés autour par Marc Jacquemin à la batterie. Forcément, sur scène, Coralie se glisse dans les bottes d’Anna pour interpréter les morceaux qui ont fait notre succès, et elle s’en tire remarquablement bien !
Cette nouvelle formation de Cock Robin est donc devenue un trio ?
Yes ! Bien sûr, on est obligé de jouer les anciennes chansons, ça pas de problème ! Le public est très content et nous aussi. Mais on a aussi envie de progresser, d’apporter d’autres regards, et ce trio me permet surtout de ne pas arrêter d’avancer !! Je vois aujourd’hui plein d’artistes des années 80 qui se retrouvent dans des « grandes expos » à faire et refaire toujours les mêmes choses… Même quand on était encore ensemble dans le groupe, Anna et moi ne nous sommes jamais reconnus dans tout ça.
Vous êtes toujours restés un groupe de votre temps, au fur et à mesure de son évolution ?
On essaie.
Vous avez fait quand même un petit bout de carrière solo pendant les 15 années d’interruption du groupe Cock Robin. Vous avez notamment été l’interprète d’une célèbre chanson de notre comédie musicale Starmania dans sa version anglaise Tycoon.
Oui, « Only The very Best », la version anglaise de cette chanson magnifiquement interprétée par Daniel Balavoine.
Finalement, votre carrière solo n’a pas été à la hauteur de votre talent, de vos espérances ? Comment vous expliquez ça ?
Je ne l’explique pas, c’est juste un fait…
Pourtant, ce fameux morceau de Tycoon vous a propulsé au Top 50… On vous entendait sur toutes les ondes, en tout cas en France. Ça n’a pas été pour vous le tremplin pour continuer cette carrière solo ?
Non, cette chanson est vraiment restée quelque chose d’atypique dans ma carrière. Michel (Berger -ndlr) m’a appelé pour faire ça, comme il a appelé Cyndi Lauper et Tom Jones et plein d’autres artistes et je crois qu’on a tous pris ça comme une superbe aventure musicale. Mais faire une carrière là-dessus, surtout après la mort de Michel (survenue juste après la sortie de cette version anglaise), ce serait devenu de l’opportunisme ! J’étais poussé par tout le monde à faire une tournée, mais tout cela n’avait aucun sens, et donc je ne l’ai pas fait !
Venons-en à votre actualité, puisque vous êtes là aujourd’hui pour votre « Chinese Driver » Tour. Quand l’album est-il sorti ?
Le 11 mars 2016.
Ce 7ème album signé Cock Robin, c’est vous qui l’avez entièrement composé, écrit, réalisé ?
Non… mais il faut connaître l’album, l’écouter…
Je l’ai écouté, je n’ai pas forcément retrouvé le Cock Robin des années 80/90 ou même 2010. C’est effectivement peut-être plus mélancolique, plus introverti…
Je ne peux pas faire de commentaires sur mon propre album. ça te touche ou ça te touche pas. Mais je ne l’ai pas fait seul…
Qu’est-ce que vous attendez de cet album qui marque, quelque part, une forme de renaissance du groupe Cock Robin ?
Oh… honnêtement je pense qu’aujourd’hui, on est entré dans une époque où la musique est jetable, et un album n’a plus du tout le même sens dans l’esprit des gens. Donc je suis très fier de cet album, mais je ne lui donne pas plus de sens qu’il n’en n’a vraiment. Cet album me permet de jouer devant le public et pour l’instant j’en ai de très bon échos. Forcément, la notoriété de Cock Robin est une énorme chance car les gens qui viennent sont curieux, curieux de savoir comment j’ai vieilli, si je chante toujours, si je suis défiguré…ou handicapé… (rires). Le but de cet album est finalement de leur montrer que je suis toujours bien vivant et que j’ai encore beaucoup de choses à leur proposer… et pas juste pour voir un spectacle en checkant la liste connus. Ceux qui pourraient se dire, « OK, cette année je vais voir Cock Robin, et l’année prochaine U2 avant qu’ils meurent eux aussi » !
Tous mes concerts et tout ce que je fais depuis deux ans maintenant, c’est vraiment pour que les gens aient envie de revenir et d’être encore surpris !
Et c’est un pari qui est en passe d’être réussi ? Vous avez un bon accueil ?
Très bon accueil. Et bien mieux encore que ce que j’avais imaginé. Forcément, j’étais très inquiet de sortir un album sans mon ancienne complice, de changer le son, de prendre ce virage plus électro. Nous vivons dans une époque de débrouillard, et je suis obligé de porter plusieurs casquettes comme beaucoup de musiciens aujourd’hui. Ma vie est complètement différente de ce que j’ai vécu dans les années 80.
Finalement vous n’avez plus grand-chose à prouver, c’est presque un long fleuve tranquille ?
Au contraire ! Parce qu’aujourd’hui, nous sommes obligés de renouveler notre carte de visite en permanence. Il faut être courageux pour sortir de son petit confort artistique et en même temps, il ne faut pas faire n’importe quoi car tout va très vite, dans un sens, mais aussi dans un contre-sens !
Si l’on a aujourd’hui la chance de dialoguer aussi facilement en français, c’est que vous avez choisi la France comme pays d’adoption depuis pas mal d’années, et réciproquement, la France vous a toujours très bien accueilli. Comment expliquez-vous ça ? Est-ce que vous avez fait une petite analyse de cette histoire d’amour entre vous et les Français ?
Et bien voilà quelque chose que je n’explique pas mais je sais au moins une chose: j’en suis vraiment très heureux. On a fait 10 ans de carrière sans dire un mot en français au public et je suis très content maintenant de pouvoir vraiment communiquer avec lui quand je suis sur scène. Et je crois que le gens sont aussi contents que moi ! Plein de gens du business me disaient, « n’apprends pas le français, il faut que tu gardes cette part de mystère, on aime que tu viennes d’Amérique »… Et bien moi, j’ai eu au contraire très envie de faire de mon mieux pour apprendre le français.
C’est plutôt réussi bravo, vous avez eu de bons professeurs visiblement.
Ouais… j’ai… ça c’est une longue histoire ! Mais c’est vrai… je ne sais pas pourquoi les français sont toujours aussi accueillants avec moi, mais j’en suis ravi. Chaque soir de concert, ce sont toujours des retrouvailles extraordinaires. Je suis béni quoi, je suis vraiment béni !
Vous vivez en France depuis combien d’années maintenant ?
Vivre pour du vrai… depuis seulement 2 ans.
Retrouvez toutes les photos du concert de Cock Robin au Théâtre Galli de Sanary le 19 mars 2016
vu par Christine
vu par Yann