Le chevalier troubadour
Il n’a jamais défrayé les chroniques people, ni déchaîné les foules hystériques de « rockers » et pourtant ! Voilà plus de 40 ans que le plus Français des New-Yorkais trimbale sa guitare et son blues-folk à travers le monde, en ramenant à chaque voyage, de nouveaux fans conquis et fidèles ! Et ça fait 40 ans que ça dure…
Mais en voyant Elliott Murphy sur scène, on comprend mieux pourquoi ce troubadour du Folk-Rock vit, existe et perdure, en-dehors de tous les sentiers battus du show-bizz et autre star-system auxquels il n’a jamais voulu appartenir, et encore moins dépendre.
Aimer Elliott Murphy c’est comme appartenir à cette famille qui rayonne sur scène par sa complicité et son entrain. A ses côtés, Elliott peut compter sur son fils, Gaspard qui, discret et humble, ne tarde pourtant pas à nous démontrer que la relève est assurée ! C’est d’ailleurs à Gaspard que l’on doit la renaissance d’Aquashow (le tout premier album d’Elliott Murphy sorti en 1973) dans sa version Desconstructed du 21ème siècle. Elliott sait aussi que l’infaillible complicité et l’indéfectible amitié de son guitariste Olivier Durand, continueront à le porter loin et haut.
Aussi haut que ce titre de Chevalier de l’ordre des Arts et des Lettres qui lui a été remis le 4 novembre dernier par le Maire du 4e arrondissement de Paris. Une distinction qui témoigne de la reconnaissance de son œuvre musicale et littéraire (car Elliott est aussi un écrivain) mais surtout de son idylle avec la France qui l’a résolument adopté depuis plus de 20 ans. C’est d’ailleurs sur les terres hyéroises qu’Elliott et sa petite famille ont souvent profité de leurs vacances. Ce soir-là du 24 octobre, Elliott revenait à Hyères pour y donner un concert unique au Théâtre Denis, salle comble et public comblé ! Malgré la fatigue et la voix éraillée par une mauvaise bronchite, Elliott a accepté de nous recevoir en coulisses après son spectacle. Une rencontre privilégiée, et une interview exclusive (en Français s’il vous plait !) juste pour nous… et rien que pour vous !
Christine
Vous étiez ce soir sur la scène hyéroise du Théâtre Denis. Hyères est un lieu que vous connaissez bien ?
Oui, absolument, car je suis venu ici de nombreuses fois pour y passer des vacances, et c’est un endroit que j’adore.
Que ressentez-vous après ce magnifique concert où vous avez littéralement enthousiasmé le public ?
C’était vraiment super. On a joué complet et le public était très chaleureux. C’est un très joli théâtre et tous les éléments étaient réunis pour que ce moment soit juste parfait !
Ce soir, sur scène, il y avait à vos côtés votre fils Gaspard. Vos parents, et surtout votre père, vous ont beaucoup encouragé à faire de la musique. C’est un peu ce que vous faites avec votre fils ?
Je pense oui, un peu ! C’est la troisième génération d’une famille d’artistes. Mon père était producteur et un peu musicien aussi, et Gaspard a choisi de suivre le même chemin. Mais c’est vraiment sa décision. Il a découvert la guitare à l’âge de douze ans et c’est lui qui a décidé d’aller plus loin. Même si je m’en réjouis, je ne l’ai jamais poussé à suivre mon sillage…
La boucle est bouclée !
Cela dit, il a été bercé dans votre univers musical. Vous l’avez souvent emmené avec vous en tournée ?
Oui ! La première fois qu’il était avec moi, il avait à peine deux ans.
Qu’est-ce que ça vous fait aujourd’hui de le voir sur scène à vos côtés ?
Beaucoup d’émotions et de plaisir. La boucle est bouclée ! (Rires).
Vous êtes sur scène pour une tournée avec cet album « Aquashow Deconstructed ». C’est en fait votre tout premier album que vous avez entièrement revisité. C’est aussi une façon pour vous de « boucler la boucle » au bout de 40 ans de carrière ?
« Aquashow » était effectivement mon tout premier album et beaucoup de gens m’ont souvent demandé de faire une nouvelle version de ce disque, live ou avec d’autres musiciens. Finalement, c’est Gaspard qui m’a vraiment poussé à le faire parce que c’était une façon de le faire redécouvrir à cette nouvelle génération. Du coup, c’est lui qui a travaillé sur tous les arrangements et produit cette nouvelle version « deconstructed ». Cet album devient en quelque sorte un album de famille (rires) !.
Vous avez aussi à vos côtés un autre homme très important pour vous : Olivier Durand, le guitariste qui vous accompagne depuis plus de 20 ans. C’est un peu comme votre fils aussi ?
Non, je ne dirais pas comme mon fils, mais plutôt comme un frère parce qu’on est fusionnels et inséparables. Je dois faire deux ou trois concerts solo par an, et tout le reste je le fais avec lui. J’ai fait mille concerts avec lui, dans le monde entier, les Etats-Unis, toute l’Europe… C’est un vrai partenaire, un vrai complice… oui comme un frère ! (rires).
J’écris et je compose tout le temps, au moins une chanson par semaine…
48 albums en 42 ans de carrière… Ça fait plus d’un album par an… Où allez-vous chercher toute cette inspiration ?
Sur les 48 albums, certains sont des lives, des compils ou des Best Off. En réalité, j’ai fait 35 albums studio, ce qui est déjà pas mal !
Et vous gardez toujours, encore aujourd’hui, cette même ferveur, cette même inspiration, cette même passion ?
J’espère !! (rires). J’écris et je compose tout le temps, au moins une chanson par semaine… dès que quelque chose m’inspire, m’interpelle, me bouleverse…
Vous avez fait beaucoup d’albums, mais vous restez avant tout un homme de scène, un show man ! Avec, en face de vous, des fans qui vous suivent depuis la première heure…
Oui, c’est incroyable. Je retrouve souvent des personnes qui viennent sur tous mes concerts, ou presque, depuis 40 ans ! Certains sont devenus des amis ou de bonnes connaissances avec qui nous avons lié une grande complicité. Je pense que dans le « music business », la longévité est le plus important. J’ai toujours considéré la vie d’un musicien comme celle d’un peintre ou d’un auteur qui perdure au-delà de son œuvre, qu’il vende ou pas ses toiles ou ses livres. Je n’ai jamais adhéré au star-system parce que c’est un monde que je ne comprends pas.
la littérature est ma religion, le rock’n roll est mon addiction !
Vous écrivez beaucoup… et pas que des chansons. Vous écrivez également des livres. C’est aussi important pour vous ?
Oui ! Je dis toujours, la littérature est ma religion, le rock’n roll est mon addiction ! (rires)
Et quel genre de livres écrivez-vous ?
En France, je publie une collection de Nouvelles qui s’appelle « Café Notes ». J’ai également écrit un roman qui se déroule dans l’ouest des Etats-Unis au 19ème siècle. Et mon dernier livre qui s’appelle « Marty May » est l’histoire de musiciens dans les années 80.
Vous êtes venu vous installer à Paris en 1989, à l’âge de 40 ans. Aujourd’hui c’est vraiment votre pays, votre patrie ou envisagez-vous de repartir un jour à New-York, votre ville native ?
Non, j’ai fini avec ça ! Je voyage tout le temps, et chaque fois que je reviens en France, je rentre « chez moi » ! Je vis à Paris depuis 25 ans, bien plus que le nombre d’années où j’ai vécu à New York. D’ailleurs, mon « mariage avec la France » sera symbolisé la semaine prochaine par un événement qui me touche énormément puisqu’on va me nommer Chevalier de l’ordre des Arts et des Lettres !
Vous êtes venu en France parce que ça vous semblait plus simple de faire une carrière ici ?
Non. J’ai simplement suivi mon chemin et saisi ma chance. J’ai fait mon premier concert en France en 1978 et dans les dix années qui ont suivis, ma carrière s’est complètement orientée vers ce pays qui m’a si bien accueilli.
Je voulais vous poser une dernière question sur votre grand ami Bruce Springsteen. Vous n’avez jamais envisagé de faire un réel projet avec lui ?
Avec Bruce, nous avons fait plein de choses ! Sur mon album “Selling the Gold”, j’ai une chanson qui s’appelle « Everything I do » où Bruce chante avec moi. Et puis, je suis aussi monté sur scène avec lui. Mais je ne sais pas… un vrai projet ? Pourquoi pas dans le futur… Je le proposerai à Bruce la prochaine fois qu’on se verra ! (rires).
Suivre Elliott Murphy sur Facebook : https://www.facebook.com/elliott.murphy.16/
Retrouvez l’album photos du concert du 24/10/2015 au Théâtre Denis à Hyères
Photos de l’interview : Pascal léger