Article paru dans Telex Var N°1708 du 23/10/2013
Mon histoire avec le public continue de m’émouvoir
Entre deux tournages de cinéma, trois émissions de télé et quatre engagements caritatifs, la tournée de Patrick Bruel se poursuit et c’est à Toulon que l’artiste a fait escale pour boucler son périple dans le sud de la France.
L’ambiance évidemment survoltée du Zénith a parfois laissé place à un recueillement proportionnellement silencieux lorsque Patrick Bruel a chanté quelques-uns de ses nouveaux morceaux dédiés à des thèmes forts ou graves… Une fois encore, Patrick Bruel nous a emportés et transportés aux quatre coins de SON monde, entre les rires et les larmes, entre l’amour et l’amitié, entre la vie et la mort… entre ses vieux morceaux qui n’ont pas pris une ride et ses nouvelles chansons qui ont déjà pris leur place comme si elles existaient depuis toujours…Et puis, Patrick nous a offert un beau cadeau : un peu de son temps, après son spectacle et malgré les nombreuses sollicitations, pour nous accorder une interview… pour nous, rien que pour nous !
Christine : Avec ce concert au Zénith de Toulon, on peut dire que votre tournée dans le Sud s’est plutôt terminée en apothéose ?
Patrick Bruel : Je dirais que c’était l’apothéose tous les soirs, entre Marseille, Montpellier, Nice… Mais, ce soir à Toulon, ce qui m’a beaucoup touché c’était ces moments forts de silence et surtout sur « Les larmes de leurs pères », un silence plein, très prenant… magnifique.
Christine : A propos de ce recueillement, on a le sentiment que votre public a compris toute la force des messages et s’est vraiment approprié les morceaux de votre nouvel album…
Patrick Bruel : Oui, c’est ce que je ressens. Depuis sa sortie, cet album reçoit un superbe accueil, s’installe petit à petit chez les gens et au fil des concerts. Et quand arrivent « Où es-tu » ou « Je serai là pour la suite » ou « She’s gone », « Lequel de nous »… on a l’impression que ces chansons existent depuis toujours tant les gens se les sont complètement appropriées.
Christine : Ce n’est pas évident d’intégrer autant de nouveaux morceaux dans une tournée et d’avoir autant d’attention du public. Il faut s’appeler Patrick Bruel pour oser le faire ?
Patrick Bruel : En général, ça ne se fait pas… Du moins, certains artistes ne prennent pas le risque et font essentiellement leurs anciennes chansons en intégrant deux ou 3 nouvelles. Et puis, il y a ceux qui, à l’inverse, ne font que leurs nouvelles chansons et en général, il faut le dire, c’est plutôt « chiant » parce qu’on n’a plus aucun repère. Moi, je n’ai pas envie de frustrer les gens mais au contraire de leur offrir tout ce qu’ils veulent entendre (et puis moi aussi d’ailleurs, ça me fait plaisir de les chanter) ! Après, on voit comment on peut égrener les nouvelles chansons tout au long du spectacle et c’est vrai que j’avais envie de leur donner une large place sur cette tournée.
C’est davantage la mort des gens que j’aime qui me fait peur
Christine : Vous évoquez beaucoup l’Amitié, ces gens qui vous accompagnent et ceux qui vous quittent… comme Guy Carcassonne, votre ami si cher qui est parti en mai dernier ou plus récemment Valérie Benguigui, votre complice sur « Le Prénom »… Au fil du temps, la mort vous fait peur ?
Patrick Bruel : C’est une question très compliquée à laquelle on ne peut jamais apporter les mêmes réponses selon les moments où on l’évoque, car il n’y a rien de rationnel là-dedans. Tout dépend de quelle mort on parle, mais pour moi, la peur n’évite pas le danger. La peur de l’inexorable… c’est stupide ! La peur de l’accident, de la maladie, ça oui ! Mais, au fond, je pense que c’est davantage la mort des gens que j’aime qui me fait peur. J’ai perdu beaucoup de proches en 2013, c’était une année difficile mais… Guy, c’est le plus gros chagrin de ma vie. Sans lui, je suis complètement largué.
Christine : On voit aussi votre regard pétillant, pour ne pas dire scintillant de larmes quand vous écoutez ce public qui chante à l’unisson vos chansons…
Patrick Bruel : Ce sont des moments extraordinaires. Et c’est marrant que vous parliez de ça car justement ce soir tout particulièrement sur « Qui a le droit », c’est exactement ce que j’ai ressenti en me disant « c’est vraiment incroyable que ça me fasse toujours le même effet »… C’est génial. Etre aimé à ce point-là…
Christine : Quand on voit l’effervescence et la véritable communion qui s’opère entre vous et votre public… comment vous sentez-vous après un concert comme celui que vous venez de vivre à Toulon ?
Patrick Bruel : Après un spectacle comme celui-là, souvent j’ai envie de prendre une bonne douche, de fermer la porte de ma loge, de décompresser et de m’isoler pour savourer encore, très égoïstement tous ces moments intenses que je viens de vivre sur scène. Parce que finalement, c’est un peu comme l’eau qui vous file entre les doigts… ll faut essayer de la saisir et de la mettre sur le cœur avant qu’elle ne s’évapore…
C’est génial d’être aimé à ce point-là
Christine : Parallèlement à votre tournée, vous venez aussi de terminer un film ?
Patrick Bruel : Oui, on a pris un peu de retard mais on finit le tournage ce Lundi 21 octobre. C’est une comédie pleine d’humour avec Sophie Marceau comme partenaire principale. Je l’avais déjà rencontrée à l’occasion d’une participation dans un film américain où elle jouait, mais là c’est la première fois qu’on a un vrai rôle tous les deux. Le film doit sortir l’année prochaine, sans doute pour la rentrée.
Christine : Et ensuite, quels sont vos projets à court terme ?
Patrick Bruel : Il y a deux gros rendez-vous très bientôt avec le Téléthon puis les Restos du Cœur…
Christine : Vous êtes très engagé dans de nombreuses associations caritatives… Quand on vous sollicite pour de bonnes causes, vous considérez que c’est votre mission d’homme public ?
Patrick Bruel : Ce n’est vraiment pas une question de mission ou de rôle ! C’est tout simplement important pour moi de le faire et effectivement, si ma notoriété peut servir la cause, alors tant mieux car ce sont des gens qui en ont vraiment besoin. Par exemple j’ai participé à toutes les éditions du Téléthon depuis sa création et cette année, on m’a demandé d’en être le parrain. C’est pour moi un grand honneur…
Retrouvez toutes les photos du concert, réalisées par Christine